The Uncanny
The Uncanny est une série de photographies en noir et blanc réalisée par Pongo en RDC entre 2011 et 2017. Les instantanés sont pris à l’occasion de plusieurs voyages de l’artiste, après les violentes élections de 2011, dans les provinces de Kinshasa, du Katanga et du Kassaï-Central.
Si le choix du noir et blanc rappelle le style documentaire du photojournalisme, Pongo s’en écarte pour intégrer du flou, du contraste et du mouvement. Au lieu de photographier l’actualité politique avec une distance journalistique, il adopte une approche différente, en s’immergeant totalement dans l’atmosphère et la culture congolaise pour montrer l’impact collatéral des événements politiques. Pendant sept ans, l’artiste documente son expérience de cet environnement varié et complexe qu'est la RDC, échappant à toute tentative de définition univoque. Ainsi, les images montrent des scènes de la vie quotidienne, souvent urbaine et nocturne, de l’après-élection. "Ce projet a surgi d'un besoin de voir mon pays selon un point de vue différent de celle de la crise si souvent représenté. J'ai utilisé ma familiarité avec l'environnement pour puiser dans l'ouverture des populations locales, qui voulaient partager avec moi leurs moments les plus intimes. Cela m'a permis de représenter mon pays de façon intime et subjective. Je ne tente pas de livrer ici la vérité, je m'efforce simplement de comprendre la réalité d'un peuple et de reconstruire la mienne." [Versteeg, 2019]
Les personnages apparaissent isolés ou en groupe, dans des contextes spirituels ou festifs, joyeux ou conflictuels, en passant par l’ennui ou la colère. Les prises de vue sont réalisées tant en intérieur qu’en extérieur, dans des mises en scène intimistes ou des poses théâtrales. Les gestes et regards, souvent soutenus et intenses, interpellent le spectateur et l’interrogent sur la neutralité de sa position.
"Pour un lieu si souvent vu à travers des images de dévastation et de désastre, cette série offre une vue intime de l'intérieur du Congo: des moments privés marqués par une grande tristesse mais aussi des signes de joie et de rêves." [Versteeg, 2019]