Videos from Dream City
Installations vidéos des artistes Heba Y. Amin, Ismaïl Bahri et Youssef Chebbi, Fakhri El Ghezal, Malek Gnaoui, Bouchra Khalili, Rabih Mroué et Mouna Karray. Accessible après chaque représentation.
Heba Y. Amin
As Birds Flying
2016
Vidéo, moniteur 16/9, couleur, son
7 min 11 sec
Dans un monde soumis aux troubles politiques et à une surveillance totale, la paranoïa a tendance à se normaliser. En 2013, à la une des actualités, on apprend qu'un pêcheur en Egypte a repéré une cigogne en migration avec, à la patte droite, un appareil électronique. Craignant que ce soit un oiseau espion à la solde de l'étranger, il alerte les autorités égyptiennes qui prennent le cas au sérieux. On apprendra plus tard qu'il s'agissait d'un dispositif scientifique utilisé par une équipe de recherche hongroise afin de documenter les habitudes migratoires des cigognes.
Le film d'Heba Y. Amin’s, As Birds Flying (2016), est une réponse au côté absurde de ce type d'accusations qui apparaissent dans des moments de tensions politiques.
Ce court métrage allégorique est construit sur base de vues aériennes prises au drone et récupérées. On y voit des savanes et des marais, mais aussi les colonies israéliennes en Galilée (des vues panoramiques qui pourraient être celles prises depuis une cigogne lors de sa migration…). Drôle, absurde et déconcertante, la vidéo a une bande originale pleine de suspense composée de séquences audio provenant des dialogues de Birds of Darkness. Ce film de Adel Imams de 1995 traite de la corruption au sein du gouvernement et du radicalisme religieux en Egypte. Dans ce dialogue reconstitué, les personnages abordent le sectarisme politique, la censure, la démocratie et la surveillance.
A propos de l'artiste
L'artiste visuelle Heba Y. Amin vit et travaille à Berlin. Son travail porte sur la politique, la technologie et l'architecture. Les utopies technologiques et la manière dont elles affectent le paysage et les relations de pouvoir sont au cœur de son travail.
The Tempest Society
Bouchra Khalili
2017
Vidéo numérique, projection, 4/3, couleur, son
60 min
K1
The Tempest Society n'est ni un documentaire ni une fiction, mais une hypothèse. Trois personnages qui habitent Athènes forment un groupe et interrogent l'état actuel de la Grèce, de l'Europe et de la Méditerranée. Leur rencontre se déroule sur une scène de théâtre qui fait office d’espace public. Il faut trouver un nom: The Tempest Society, en hommage à Al Assifa (La Tempête, en arabe), une compagnie de théâtre composée de travailleurs et travailleuses immigré·es nord-africain·es et d'étudiant·es français·es, notamment d'origine maghrébine, active à Paris dans les années 1970. Al Assifa luttait contre les inégalités et le racisme en France par le biais d'un "journal théâtral".
Quarante ans plus tard, l’héritage d’Al Assifa est réincarné. Sur scène, The Tempest Society et ses hôtes appellent à l’égalité, la citoyenneté et la solidarité.
Le film sera suivi d’une discussion entre Bouchra Khalili et Joachim Ben Yakoub.
A propos de l'artiste
Bouchra Khalili a étudié le cinéma, les médias et les arts audiovisuels à Paris. Elle a remporté plusieurs prix et son travail a été présenté dans de nombreuses expositions et manifestations artistiques internationales, du Jeu de Paume (Paris) au MoMa (New York), en passant par la documenta 14 (Kassel) et la Biennale de Sharjah (Sharjah).
Joachim Ben Yakoub est un écrivain/chercheur et conférencier opérant à la frontière de différentes écoles d’art et institutions. Il est associé aux groupes de recherche MENARG et S:PAM de l'Université de Gand, où il mène des recherches sur l'esthétique de la révolte quelque part entre la Tunisie et la Belgique. Il est professeur invité à la LUCA School of Arts de Bruxelles et chargé de cours à la Sint-Lucas School of Arts Antwerp, où il est également le promoteur de l'action collective de recherche The Archives of the Tout-Monde.
Rabih Mroué
As if Seen by a Bird Standing on Top of a Cow
2018
Vidéo, écran 4x3, noir et blanc, silencieux
21 min
Dans As if Seen by a Bird Standing on Top of a Cow, le public est confronté à la vision de la bataille de Homs comme s'il était la caméra d'un drone. Mais dans son installation, Rabih Mroué vous fait lever les yeux vers un écran et renverse la vue classique à vol d'oiseau de l'opérateur de drone.
Troisième ville de Syrie, Homs a été ravagée par de violents combats et bombardements de 2011 à 2014. La bataille de Homs a marqué un tournant dans la révolution et a transformé le pays en champ de bataille international avec la présence du Hezbollah, de la Russie, de la Turquie et des États-Unis en plus des forces syriennes.
A propos de l'artiste
Rabih Mroué est acteur, metteur en scène, dramaturge, artiste visuel et rédacteur pour The Drama Review (TDR, Cambridge). Il est également cofondateur du Beirut Art Center (BAC). Dans son travail, il explore différentes disciplines et différents formats. Grâce à la fiction et à des recherches approfondies, il établit un lien avec son environnement et le contexte politique et culturel correspondant.
Ismaïl Bahri et Youssef Chebbi
Esquisse, pour Edith Dekyndt
2017
Vidéo HD 16/9, projection, couleur, silencieux
5 min 17 sec
Esquisse, pour Edith Dekyndt fait référence à One Second of Silence (2008–2009), un film de l'artiste Edith Dekyndt, dans laquelle elle capture les ondulations d'un drapeau transparent flottant dans un ciel nuageux. Dans Esquisse, un drapeau flotte et devient à la fois fenêtre sur le paysage et toile de projection. L'image est surexposée et "brûle" le paysage environnant.
A propos de l'artiste
L'artiste Ismaïl Bahri vit et travaille entre Paris et Tunis. Il réalise principalement des œuvres vidéo, mais aussi des dessins, des photographies et des installations. Le travail de Bahri a été présenté dans divers lieux, notamment au Jeu de Paume (Paris), au Centre Pompidou (Paris), à La Verrière (Bruxelles) et à la Staatliche Kunsthalle (Karlsruh). Ses films ont été sélectionnés pour des festivals tels que le TIFF (Toronto), le NYFF (New York), l'IFFR (Rotterdam), le FID (Marseille) et le Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles).
Le musicien et cinéaste Youssef Chebbi vit et travaille entre Paris et Tunis. En 2010, il réalise son premier film, le court métrage Vers le nord. Avec Mohamed Ismail Louati et Ala Eddinne Slim, il réalise le documentaire Babylon (2012), sur les réfugiés libyens à la frontière tunisienne. Le film remporte le Grand Prix de la compétition internationale du FID-Marseille. La même année, il sort le court métrage Les Profondeurs. Black Medusa (2021) est son premier long métrage de fiction, présenté en première mondiale à l'International Film Festival Rotterdam 2021. Outre son travail dans le cinéma, Chebbi est le fondateur et le directeur du label de musique Bookmaker Records.
Fakhri El Ghezal
Companions of The Cave (Ahlou Al Kahef)
2019
8mm transféré en numérique 4/3, projection, noir et blanc, son
18 min 17 sec
Companions of The Cave est un récit poétique du long chemin parcouru par l'artiste Fakhri El Ghezal et deux rappeurs, Jojo M et Galaa, de Redeyef en Tunisie à Nantes en France. Filmant en Super 8, ils reviennent sur les nombreuses étapes franchies pendant et après leur migration, sur le voyage, sur les attentes qu'ils ont nourries.
Le film est une ode intime et musicale à tous les jeunes hommes tunisiens qui ont voyagé ensemble vers l'Europe et aux sentiments qui accompagnent un tel voyage, de la solitude à l'amitié.
A propos de l'artiste
Photographe, vidéaste et artiste visuel, Fakhri El Ghezal vit et travaille en Tunisie. Il a étudié les beaux-arts à l'Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis et l'art et la communication à l'Institut Supérieur des Beaux-Arts de Nabeul.
Malek Gnaoui
Blanc Habiba
2024
Vidéo, projection, 4/3, couleur, son
12 à 19 min (tbc)
Blanc Habiba se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque la ville tunisienne de Gabès devient le théâtre d'une lutte silencieuse contre l'occupation allemande.
À travers les récits de la vieille et sage Habiba, le film révèle un plan méconnu de l'histoire de Gabès occupée. Il raconte l'histoire de la solidarité entre Habiba et ses voisins juifs tunisiens, celle de personnes de confessions et d'horizons culturels différents qui construisent ensemble un pont pour franchir l'abîme de la guerre. Une ode à la résilience, à l'amitié et à l'amour dans les moments difficiles. Avec la grand-mère de Malek Gnaoui, âgée de 90 ans, dans le rôle principal.
A propos de l'artiste
Malek Gnaoui vit et travaille à Tunis. Son travail porte sur les questions sociales et le sacrifice humain.
Nobody Will Talk About Us
Mouna Karray
2012–15
Diaporama de 23 photographies, moniteur 16/9, couleur, silencieux
7 min 21 sec
La route traverse des terres poussiéreuses, une zone à la fois sans vie et habitée, la matrice où évolue une silhouette captive d'une membrane blanche. C'est à travers le geste que ce corps pourra rompre son enfermement. Dans sa lutte, ses rencontres et son errance, il incarne une figure de la résistance qui se débat pour trouver la liberté et réenchanter une terre oubliée.
Personne ne parlera de nous est une série photographique réalisée dans le sud-ouest tunisien, ses étendues arides qui affleurent de sous-sols vidés de leurs richesses, confisquées à des âmes opprimées qui, pour autant, ne se soumettent pas.
La série photographique a été créée lors d’une résidence d'artiste à Dream City en 2012.
Biographie
Mouna Karray crée ses projets photographiques et vidéo dans l'espace entre les sphères intime et publique. Elle s'intéresse aux questions d'identité, de frontières, d'enfermement, de marges et de terres oubliées. Ses œuvres ont été exposées dans des musées tels que le Zeitz Mocaa (Le Cap), le Smithsonian National Museum of African Art (Washington), le MMK (Francfort), le MAXXI (Rome) et le Musée du Quai Branly (Paris).
Co-curation: Selma Ouissi, Sofiane Ouissi, Jan Goossens, Guy Gypens.
Dans le cadre de Dream City.