FAÇADE: Anne-Mie Van Kerckhoven

Des êtres quasi-mythiques, petits et grands, jouent dans la rue. Un arlequin évoque à la fois la culture populaire des cafés bruxellois du célèbre Grand Jojo et les multiples facettes de l'identité de la ville. De nombreuses femmes fortes tiennent des places centrales et remettent en question les rapports de domination; elles dansent aussi dans les parcs avec joie telles des déesses de la nature. Un fantôme figure le chaos du trafic ou la tension des rapports sociaux.

Tous ces personnages forment une grande parade métaphorique qui fait allusion à l'histoire de Bruxelles, comme par exemple son rôle dans le mouvement surréaliste et le café La Fleur en Papier Doré où les artistes se réunissaient. AMVK puise dans le folklore et joue avec les références au haut-lieu d'alchimie qu'a été Bruxelles, à l'intelligence artificielle, à l'histoire de l'art et de l'architecture.

L'artiste ajoute à ces inspirations nouvelles des fragments de ses propres œuvres et des images collectées ailleurs et manipulées. Sa touche de fantaisie appliquée à une étude de perspectives du peintre et architecte de la Renaissance flamande Hans Vredeman de Vries datant de 1583 évoque la jonction entre le matériel et le spirituel, le micro et le macro, le haut et le bas.

Le motif au centre de l'œuvre fait référence à un mandala, une structure rituelle symbolique, conçu par l'architecte et penseur suisse Max Bill dans les années 1930, à propos duquel il a écrit: "L'univers n'est-il pas en nous?" Bruxelles elle-même, n'est-elle pas en nous? La FAÇADE d'AMVK explore en effet la façon dont les mythes, les souvenirs, le terroir façonnent une ville, comment cette infrastructure affecte les citadin·es, et comment ils et elles changent la ville en retour.

Tantôt trompe l'œil, tantôt clin d'œil, l'œuvre voit les contradictions se dissoudre entre le chaos et l'ordre, la logique et le mysticisme, l'érotisme et la technologie.

Anne-Mie Van Kerckhoven, pionnière de l'art digital en Belgique, dévoile dans cette FAÇADE une pratique instinctive qui nourrit depuis les années 1980 son œuvre, vaste, composée de dessins, collages, de peintures et de vidéos. Dans son travail, l'artiste explore la relation entre l'art, la technologie, le sexe et la fabrique de l'image dans notre société contemporaine. Elle utilise pour cela des stratégies et matériaux issus du monde commercial et publicitaire: langage, plexiglass, plastique et couleurs vives. Elle combine ces éléments avec des schémas contrastés en noir et blanc rappelant la gravure, ainsi que le langage visuel des premiers ordinateurs, pour produire des images puissantes.

Le travail d’Anne-Mie Van Kerckhoven a été présenté lors de nombreuses expositions individuelles, notamment au Kunstverein de Munich, à la Kunsthalle de Berne, au Kunstmuseum de Lucerne, au Renaissance Society à Chicago et au M HKA d'Anvers. Il a également été présenté dans le cadre d'expositions collectives à l'ICA de Philadelphie, à The Artist's Institute de New York, au Museum Abteiberg de Mönchengladbach, au Mu.ZEE à Ostende et au S.M.A.K. de Gand. Elle a participé à la Manifesta 7 en Italie en 2008. Ses œuvres ont intégré de nombreuses collections publiques importantes, telles que celle de la Kunsthalle de Berne, des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles, du M HKA, à Anvers, des FRAC en France et de l'Université de Chicago. En parallèle de son œuvre visuelle, la musique joue un rôle important dans la production créative de Van Kerkhoven. Avec son compagnon Danny Devos, AMVK tient un rôle important dans la scène musicale expérimentale anversoise depuis 1981 jusqu'à aujourd'hui au sein du groupe Club Moral.