Lecture on Nothing, John Cage
Par Bryana Fritz
En bon non-conformiste qu’il l’était, John Cage a choisi de transformer une conférence sur sa musique en une œuvre qui n’est même pas une conférence (elle en a tout au plus l’apparence) et ne porte même pas sur sa musique. Le « rien » est, littéralement, le sujet le plus important. Dans ce texte, Cage recueille des anecdotes, fait référence au bouddhisme zen (dans lequel il était profondément impliqué à l’époque) et, surtout, joue avec les attentes du public. Par ailleurs, cette « conférence sur le rien » est composée de manière littérale : elle emploie la même structure « rythmique » que celle utilisée pour ses compositions des années précédentes avec différents niveaux structurels suivant tous la même répartition proportionnelle. Cage divise le texte en quatre colonnes, de sorte que pour chaque ligne, il y a quatre « mesures » qui peuvent être remplies soit par du texte, soit par du silence. Ensemble, elles constituent 48 blocs de temps de 48 barres qui suivent tous les ratios 7-6-14-14-7 pour ce qui est du nombre d’unités (les barres) et du nombre de blocs. Le silence et le texte sont soigneusement répartis au sein de la structure temporelle, formant un subtil duo dans lequel cette composition — car c’est bien de cela qu’il s’agit en fin de compte — explique notamment sa propre structure à mesure qu’elle avance.
Bryana Fritz
Née à Chicago, Bryana Fritz a étudié la danse à Minneapolis (US), à Essen (DE) et au sein de P.A.R.T.S., à Bruxelles, où elle vit et travaille depuis en tant que danseuse, performeuse et poétesse. En 2017, elle a présenté au Beursschouwburg « Indispensable Blue », une autre quête poétique combinant la chorégraphie et le thème du monde numérique qui est le nôtre. La nouvelle performance de Fritz constitue le prolongement de sa romance avec la danse, la poésie et l’écran numérique.