The Work of the Forest
"On ne peut ignorer que tous les pays ayant une tradition d’Art nouveau ont été impliqués dans la colonisation de l’Afrique." Judith Barry dans Art & Text, 1992.
En 1897, Victor Horta achève l’hôtel van Eetvelde, une imposante maison de maître de style Art nouveau. Il porte le nom d’Edmond van Eetvelde, alors le "ministre" belge du Congo colonisé, pour qui il est construit. La même année, des architectes de l’Art nouveau exhibent leur pavillon du Congo à l’Exposition universelle de Bruxelles.
Aujourd’hui encore, l’Art nouveau est le mouvement artistique le plus célébré en Belgique et occupe une place importante dans l'histoire culturelle de la ville de Bruxelles. Le fait que ce style architectural trouve ses racines dans l’histoire coloniale de la Belgique est cependant rarement mentionné.
Pour The Work of the Forest, Judith Barry a installé trois grands écrans en bois en cercle, qui présentent des histoires différentes sur le Congo Belge et le développement du style Art nouveau. D’un point de vue formel, la disposition renvoie au plan de Paul Hankar, collaborateur de Horta, pour l’atrium central de l’hôtel van Eetvelde. Dans la vidéo, des images d'objets collectés pendant la colonisation de l’Afrique se juxtaposent à des images historiques et contemporaines qui font référence à la période de l'Art nouveau. Les histoires mettent l'accent sur des missionnaires et des commerçants dans les archives de Stanley, l’explorateur engagé par Léopold II pour conquérir le Congo. Elles donnent aussi à voir des maisons Art nouveau décrépites, hantées par les fantômes du passé colonial, les jardins tropicaux luxuriants du parc de Laeken et les avancées technologiques que la richesse coloniale belge a contribué à produire. Avec cette œuvre, Barry met à nu et interroge les implications coloniales de notre environnement architectural.