Blindsight - In collaboration with Latifa Laâbissi and Laszlo Umbreit

Manon de Boer, 
Blindsight, 2022
, In dialogue with Latifa Laâbissi and Laszlo Umbreit
Installation view Museum Dhondt-Dhaenens, Deurle. Photo: Rik Vannevel. Courtesy of the artist and Jan Mot, Brussels.

Le point de départ de l’installation sonore Blindsight (2022) est la bande son de Ghost Party (2) (2022), film réalisé avec la danseuse et chorégraphe Latifa Laâbissi dans la maison Van Wassenhove conçue par l’architecte Juliaan Lampens à Sint-Martens-Latem. De Boer a traduit le versant sonore du film, composé par Laszlo Umbreit, en une expérience environnementale et acoustique, à l’origine conçue pour l’espace principal du Musée Dhondt-Dhaenens à Deurle en Belgique.

Dans le film et dans la performance Ghost Party (1) qui lui est liée, de Boer et Laâbissi prêtent leur voix à des artistes et des écrivains qui les ont inspirées. On y trouve des fragments de textes et de dialogues de Marguerite Duras, Serge Daney, Casey et Eduardo Viveiros de Castro. Ghost Party (1) et (2) évoquent la relation à l’autre et l’importance de l’altérité dans le processus créatif : en réagissant à la voix, au corps et aux objets qui nous entourent, nous modifions notre perspective et notre perception. Ensemble, les trois œuvres - Blindsight, Ghost Party (1) et (2) - explorent le concept de la voix : avoir une voix, donner la voix et écouter les voix qu’on a en nous.

Si le son a toujours été un élément important dans le travail de de Boer, Blindsight constitue une approche radicalement nouvelle : les visiteur.euse.s sont invités.e.s à s’asseoir sur des sièges de cinéma, non pas pour voir un film, mais pour écouter. Dans Blindsight, écouter apparaît dès lors comme la première étape d’une conversation. Pour la première fois, Manon de Boer se met elle-même en scène, dans le film comme dans la performance et l’installation sonore. L’artiste qui s’interroge sur les voix qui nous habitent réfléchit aux liens indissociables entre intériorité et altérité, ainsi que la nécessaire différence qui habite toute collaboration et tout échange. 

Dans l’installation, on entend le dialogue et les bruits ambiants du film Ghost Party mais la spatialisation de la bande son brise la linéarité du film qui a un début et une fin. Les bruits ambiants sont diffusés sur quatre haut-parleurs qui accentuent la tactilité du son, tandis que les voix et les fragments de textes sont diffusés sur un seul haut-parleur. Tous sont intégrés dans des vases en béton qui font écho aux vases du film où ils incarnent les personnes auxquelles de Boer et Laâbissi prêtent leur voix.