La banquise

© La banquise, la forêt et les étoiles, La Centrale, Bruxelles, 2019. Photo: Lydie Nesvadba

La banquise (2019) est une installation immersive composée de 34 éléments de dimensions variables en mousse polyéther. Les formes peuvent atteindre plus d’un mètre de haut ou de large. Elles sont obtenues à partir de chutes récupérées dans une usine de matelas fin 2018. Certaines sont retravaillées et découpées au fil abrasif. Les éléments sont ensuite réarrangés et assemblés pour obtenir le volume souhaité. Une fois définie, la forme est recouverte d’une épaisse couche d’enduit rose. Si le titre suggère un paysage d’étendues polaires, les spécificités sont gommées. Il est réduit à des blocs dans lesquels l'alternance des couleurs recrée les gradations de la lumière - selon le même procédé déjà présent dans la série de collages en jaune et rose Cotton Candy Landscapes (2018). Ici plusieurs nuances sont utilisées pour simuler la réflexion de la lumière sur la glace et ses dégradés de rose, du pâle froid au poudré doux.

Les éléments sont posés à même le sol, sans protocole strict, pour envahir l’espace d’exposition. Ils constituent des icebergs aux allures de marshmallows ou de Barbapapas géants sur lesquels le public peut s'asseoir ou se coucher. Ainsi, au lieu d’être confronté à un paysage fait de blocs de glace durs et froids, les visiteur.euse.s sont accueilli.e.s par des formes douces et confortables. C’est un souvenir d’enfance-refuge qui lui a donné l’envie de faire vivre au public cette sensation enveloppante. Celui d’étés chauds passés en Suède avec sa mère, allongée sur les rochers couverts de mousse en bord de mer. L’installation est la matérialisation de cette carte postale mentale au parfum salé de crème solaire. Le titre La banquise oppose paradoxalement le froid à ces étés suédois pour évoquer la fonte des glaces. Le contexte climatique actuel est indissociable de la lecture de l’œuvre. Le choix des couleurs vient en réaction à cette violence, comme pour mieux la digérer.