Rêver des communs. Comment faire persister les pratiques collectives ?
Avec Marie Moreau (co-autrice du Bureau des dépositions aujourd’hui empêché), Erika Sprey et Agence.
Depuis maintenant une année, Agence est engagée dans un processus, celui de "rêver" son devenir : une liste de "quasi choses" et une praticothèque, des assemblées et des gestes, un travail à la lisière du droit, de l’activisme et de l’art. Autant de formes, de processus et de pratiques que Kobe Matthys nous a légués. Mais comment les faire perdurer ?
Cette journée est une première tentative de rêver Agence en tressant plusieurs fils. Avec Marie Moreau et le Bureau des dépositions, une structure qui en France s’engagea à contester la politique migratoire répressive en tentant de redéfinir le droit des étrangers par le truchement du droit d’auteur et de la co-écriture. Il s’agira d’imaginer un avenir pour cette organisation, suite à une décision de justice empêchant son travail de co-création. Avec Erika Sprey, nous tenterons d’avoir un avant-goût de ce que donneront les futures consultations et activations de la praticothèque d’Agence, partant d’un "scénario de rêve" assez réaliste. Et pour terminer, nous effectuerons un tirage du Tarot Souriau, dans un essai collectif de lire et "d’adapter" Agence, non pas théâtralement mais pragmatiquement.
Cette journée est accueillie par Agence, Rue Théodore Verhaegen 18, 1000 Bruxelles. Un café sera servi à partir de 09:30, la session autour du Bureau des dépositions commencera à 10:00, le déjeuner est prévu à 13:00, quant à la session autour d'Agence elle est prévue à 14:00, et se clôturera avec le tirage du Tarot Souriau à 17:00. Cette journée est gratuite et se déroulera en anglais et en français. Veuillez remplir ce formulaire pour réserver. La première session (Bureau des dépositions) et la deuxième session (Agence) sont limitées à 40 personnes, le tirage est limité à 20 personnes.
Marie Moreau est une artiste qui évolue dans les arts plastiques et la réalisation d’essais documentaires. Entre 2001 et 2006, elle a co-activé Syndicat d’initiatives, développé à plusieurs reprises et présenté en 2006 à la Biennale de Paris. En 2012 elle crée Atlas Local, dispositif de récolte et de colportage de cartographies aléatoires. Puis en 2013, elle co-crée Crossing Maps, plateforme de recherche-création sur la cartographie du voyage rendu clandestin par les politiques migratoires. Depuis 2017 jusque 2023, elle chemine avec plusieurs personnes inquiétées et/ou ségréguées par les politiques migratoires. Bureau des dépositions est une cellule de refonte de la justice et de l’agir coopératif en co-auteur·ice. Ses dix co-auteur·ices ont créés plusieurs œuvres immatérielles et performatives. Elle vient de terminer Paradis barbarie, un film qui questionne le droit de l'environnement au travers du récit d'un ensemble de personnes malades, en rémission ou guéries de cancers.
Erika Sprey est une artiste, activiste, chercheuse et curatrice exerçant ses activités entre la Belgique, le Mexique et les Pays-Bas. Forte de son bagage en matière de médecine (par les plantes), de photographie, de théorie critique, d’activisme et d’art, elle se concentre à présent sur la dramaturgie, la recherche artistique et le coaching systémique dynamique d’artistes et d’activistes. En tant qu’ancienne curatrice en chef du Studium Générale de l’Académie Royale des Arts de La Haye, elle a développé des programmes éducatifs élargis tels que Wxtch Craft et Earth Craft. Dream Craft, son projet actuel complète une trilogie visant à réécrire l’histoire coloniale eurocentrée et à retrouver des savoirs réprimés, tels que la sorcellerie et des façons ancestrales et situées de prendre soin de la Terre.
Agence est une initiative internationale, et le nom générique d’une association enregistrée à Bruxelles, initiée an 1992 par Kobe Matthys (1970-2023). En collaboration avec des chercheur·euses, elle établit une liste de "quasi choses" qui résistent à la division radicale opérée entre les catégories de nature et de culture. Cette liste dérive principalement de cas juridiques litigieux, des premières pièces relatives aux communs datant du XVIIème siècle jusqu’à nos jours et provenant de l’ensemble des territoires du capitalisme globalisé. La crise écologique mondiale a ravivé un intérêt croissant pour les interdépendances et les milieux desquels nous dépendons. Chaque milieu possédant des propriétés. Vivre dans un milieu étant synonyme d’adaptation réciproque à ces mêmes propriétés. Une résurgence de la propriété se plaçant en contraste total avec la définition juridique actuelle de propriété exclusive. Le concept colonial de propriété se basant sur la présupposition fondamentale d’une division entre ce qui relève de la nature et de la culture et par conséquent entre : expressions et idées, créations et faits, sujets et objets, humains et non-humains, originalité et tradition, individuel et collectif, esprit et corps, etcetera. Chaque controverse de la liste témoignant d’une résistance illustrées par ces divisions. Agence invoque ces quasi choses de sa liste lors d’assemblées qui prennent la forme d’expositions, de performances, de publications. Chaque assemblée s’efforçant d’imaginer des possibilités d’inclusion. Toutes les assemblées d’Agence explorent les conséquences performatives du mécanisme de la propriété intellectuelle pour créer une écologie des pratiques artistiques basés sur l’inclusion et le respect.