A Blueprint for Toads and Snakes

© Eva Broekema

Depuis 2005, Sammy Baloji explore l’histoire et la mémoire du Congo. Son œuvre s’organise comme une vaste recherche sur les archives, le patrimoine culturel, architectural et industriel de la région du Katanga, ainsi que sur les effets de la colonisation belge. L'installation A Blueprint for Toads and Snakes dénonce l'impact persistant de l'exploitation minière à grande échelle sur la géographie, les infrastructures et les structures socioculturelles du Congo. Elle s’articule en trois parties : Chura na Nyoka, le plan urbain et la commémoration kasaïenne.

La pièce de théâtre Chura na Nyoka (Le Crapaud et le Serpent) est commandée par le régime colonial belge en 1957 au Katangais Joseph Kiwele. Elle raconte l'histoire d'un crapaud et d'un serpent, incapables d'entretenir une amitié en raison de leurs différences biologiques. En reprenant des éléments du décor de la pièce, Sammy Baloji dénonce ici la stratégie du régime colonial belge de maintenir son pouvoir par une politique de division.

Il associe son message sur la ségrégation raciale au plan de la "ville indigène" de la capitale minière Lubumbashi. Basé sur le document original, le plan montre l'expropriation des habitants et l’objectif de créer un cordon sanitaire: une zone tampon séparant les populations européenne et congolaise. Le texte de Chura na Nyoka est entendu et résonne ainsi métaphoriquement dans les rues de Lubumbashi. Le plan de la ville est entouré d'une représentation de la forêt dans la tradition de l'école du Hangar (atelier fondé à Lubumbashi en 1946), et fait référence à la technique du peintre congolais Pili-Pili Mulongoy.

 

En photographiant et en exposant les 138 portraits de famille abandonnés par les kasaïens, Sammy Baloji commémore l’histoire oubliée de leur expulsion du Katanga lors de la Sécession du Katanga en 1960. Cette prise d’indépendance, soutenue par la Belgique sur le plan diplomatique et militaire, s’est accompagnée de conflits interethniques. Sammy Baloji tente non seulement de sauver cette imagerie d'archives de l'oubli, mais surtout il réinscrit ces expulsions violentes, non documentées jusqu’ici, dans l’Histoire.