Cabinet des confidences populaires
Tout en dévoilant les réflexes conditionnés engendrés pas la vie en société, l'œuvre de Younes Baba-Ali en souligne les dysfonctionnements, non sans ironie. Travaillant les technologies, les objets, le son, la vidéo et la photographie, il expose souvent dans l'espace public ou des lieux inhabituels. Son art est toujours spécifique à un contexte et ne prend vraiment sa forme que dans le dialogue avec le public. Il en fait ainsi son complice dans une guérilla artistique entre l’establishment et l’homme de la rue.
Avec Cabinet des confidences populaires, Younes Baba-Ali transforme une cabine de vente de rue congolaise en un lieu de rencontre pour faire entendre la voix des habitants. Installé dans le centre-ville de Lubumbashi, un jeune homme assis dans la cabine, recueille les critiques des Lushois, comme s'il était un administrateur officiel. Les messages sont ensuite traduits en hindi, en arabe et en chinois. Ils sont affichés sous forme de proverbes à l'aéroport de Lubumbashi et s’adressent aux investisseurs internationaux qui affluent chaque jour dans « le Far West qu'est devenue la région du Katanga ». Ainsi, l'action amplifie la voix des Lushois tout en jouant sur les notions de déconnexion et de globalisation par le biais du langage et de la résistance populaire.